jeudi 26 novembre 2009

Assir

Assir v.tr. assoiver

Assir s'inscrit dignement dans la lignée des verbes alternatifs, comme croiver ou soyer, qui n'apportent aucune nuance de sens mais permettent de s'affranchir sans vergogne des pièges de la conjugaison. Mais il s'agit d'un cas assez particulier dans cette catégorie. En effet, assir ne s'utilise qu'à la deuxième personne du singulier de l'impératif. Pour les autres positions conjugatoires dans lesquelles il est difficile de s'asseoir, on préférera le synonyme assoiver. Et c'est bien compréhensible, car quitte à inventer un verbe pour se simplifier l'élocution, pourquoi s'escagasser à en prendre un du deuxième groupe plutôt que du premier ? Cependant, la raison pour laquelle les parle-petit choisissent assir plutôt qu'assoiver demeurent obscures... On pourrait imaginer que c'est par souci esthétique. En effet, un "Assis-toi" sonne tout de même plus joliment qu'un "Assoive-toi" (uniquement par comparaison, on est bien d'accord, hein...). Mais peut-on vraiment raisonnablement imaginer que les ceux-qui-croivent-qu'ils-soyent iraient s'embarrasser de soucis esthétiques lorsqu'ils logorrhent ? Foutre non ! Le mystère demeure donc intact.

Pour illustrer l'utilisation conjointe des deux verbes jumeaux assir et assoiver, une fois n'est pas coutume, je vais éhontément repomper un discours récemment rapporté par Charlie Grogne : "Bon, alors ceux qu'y z'ont pas mis leurs manteaux, ils s'assoivent. Oui c'est ça, assis-toi là." N'est-il point admirable d'avoir une langue assez riche pour se permettre d'utiliser ainsi deux variantes du même verbe à même pas dix mots d'écart ?

Pour conclure, rappelons qu'à la deuxième personne du pluriel de l'impératif, on ne dit pas "Assissez-vous" ni "Assoivez-vous", mais bien "Assoyez-vous". C'est malheureux, mais c'est ainsi. On a le droit, même si Robert trouve ça populaire. Mais ça ne m'empêchera pas de continuer à préférer "Asseyez-vous", plus correct, plus logique, et tellement plus élégant.

5 commentaires:

  1. On peut imaginer que cette faute provient, comme souvent, des chansonniers. J'ai chopé le tic du "assis-toi là" après avoir entendu cette expression dans deux chansons : "Assis Beau Nanga" et "Assis Jétériche"

    RépondreSupprimer
  2. Il y a également "Assis Yahvé Unfrancinquante"...

    RépondreSupprimer
  3. Ah oui, "Assis Beau nanga", avec cette phrase magnifique : "La paix chez Nicolas". Quel visionnaire ce Jo Niclègue

    RépondreSupprimer
  4. Moi je m'en fous, je préfère rester debout. En tout cas merci Olivier, je me demandais d'où pouvait bien venir cette explosion de mes stats de visite depuis ce matin...

    RépondreSupprimer
  5. J'en parlais encore hier avec Marcel au café du commerce, il m'avait l'air fatigué, flétri, je lui ai dit "Marcel, tu m'a l'air rassis", alors il s'est levé et il m'a dit "et là ?", alors j'y ai dit comme ça "conserves ton quant assoi", il a rien compris, alors il s'est rassoyé et j'ai commandé deux bières.

    RépondreSupprimer