La diffusion continue jusqu'au premier septembre. On peut déjà réécouter de nombreuses définitions sur le site du Mouv' : http://www.lemouv.fr/evenement-le-dico-des-mots-qui-n-existent-pas
Quelques exemples :
Aimablement suggéré par un lecteur qu'on remercie bien bas, le mot best-selleuse est intéressant à plus d'un titre. Il réunit en effet à lui seul plusieurs attributs classiquement isolés du néologisme moderne.
Best-selleuse n'est donc pas uniquement une féminisation d'anglicisme francisé par adjonction de suffixe, c'est également une habile métonymie, comme grenelle. Le mot donne une impression mitigée, il semble mi-péjoratif, mi-affectueux, dans la plupart de ses emplois. Du moins dans ses emplois récents, car si la paternité en revient, comme une rapide googlisation le laisse supposer, à Pierre Marcelle qui l'utilisait pour parler de Katherine Pancol dans un article de 1998, le côté affectueux semblait alors nettement moins marqué que le côté péjoratif : " [...] écrit avec des pieds [...] vain bavardage [...] exploite jusqu'à la corde les procédés du feuilleton à six sous appelé à faire pleurer Margot [...] vous pouvez rallumer la télé c'est moins long et c'est moins cher [...] ". Bref, ça balançait sévère.
Ces dernières semaines, nous avons amoureusement remodelé et ciselé tout plein de définitions du Dico des mots qui n'existent pas, sur lesquelles Gilles a plaqué sa suave et malicieuse voix.
Si les français savent à peine qui est Sam, celui qui, depuis 2005, peut raccompagner en voiture ses amis ivres morts étant donné qu'il n'a pas bu, les belges connaissent en revanche fort bien son grand frère Bob (ou sa jumelle Bobette) qui se charge sobrement de ramener à bon port ceux qui ont un peu trop forcé sur la Jupiler (parce qu'on ne fait pas guinze avec des bières spéciales) aux soirées chapiteau. Considérant toutefois que le succès de la campagne de Bob commence à s'essouffler quelque peu, l'Institut Belge de la Sécurité Routière a décidé récemment de lui redonner un petit coup de jeune en incitant les fêtards à bobber. Bobber, c'est penser dès le début de la soirée à désigner celui qui tournera au jus d'orange plutôt que d'attendre le troisième ou le quatrième verre pour se demander qui est le moins saoul et ferait bien d'arrêter là.
Ce matin sur Le Mouv', alors que Thibaut de Saint Maurice évoquait les nouveaux mots du Robert à grand renfort de Benveniste et d'Aristote, Amaëlle Guiton se déclarait déçue que le mot sexto n'y ait pas fait son apparition. Qu'elle se rassure, le Dico des mots qui n'existent pas et qu'on utilise quand même est là pour combler le vide.
La réponse de Platon dans la chronique philo façon de penser sur le Mouv
On est panthéonisable quand on
est pressenti pour entrer au panthéon, de même qu’on est oscarisable quand on
est pressenti pour recevoir un oscar. « Comme Leclerc entra aux Invalides,
avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique, entre ici, Jean Moulin,
avec ton terrible cortège », s’écriait un Malraux inspiré en 1964 à
l’occasion du transfert des cendres du résistant au Panthéon. Depuis lors, peu
l’ont rejoint. Neuf à peine, dont Malraux lui-même 32 ans plus tard, et
Alexandre Dumas, le dernier en date, en 2002.
Oui, parce que Dumas, c’était en
2002, et ça commence à faire suffisamment long pour que l’on recommence à se
demander s’il ne serait pas opportun de déplacer à nouveau un illustre cadavre
ou deux pour leur rendre un hommage national. Les noms de Diderot et de
Michelet circulent, ainsi que ceux de résistants comme Pierre Brossolette ou
Stéphane Hessel qui pourraient tenir compagnie à Jean Moulin. Quelques femmes
aussi sont panthéonisables, et certains voudraient rétablir une certaine parité
là où pour le moment on n’en compte que 2 sur 71. Olympe de Gouges et Louise
Michel semblent tenir la corde, mais George Sand et Madame du Châtelet
reviennent du diable vauvert et pourraient créer la surprise.
Lorsque le Dico des mots qui n'existent pas et qu'on utilise quand même lui fut offert sur le plateau du Grand Journal, Nabilla a instantanément souhaité savoir si le mot swag y figurait. L'immense déception qu'elle afficha lorsqu'il lui fut répondu que non incite évidemment à combler la lacune.
Evidemment, quand on trouve le mot sur-sensationnalisation dans un article, on se dit instantanément qu'on a de bonnes chances d'être tombé sur un nouveau mot. Dans un cas comme celui-là, le premier réflexe est évidemment de googliser le mot pour voir si lui ou ceux de sa famille sont quand même utilisés ailleurs que dans l'article en question, puis on se rue sur ses dictionnaires pour vérifier s'il existe. Bingo. Il n'existe pas.
On devine cependant aisément ce que signifie le verbe sensationnaliser. Il s'agit de présenter un évènement de manière à le rendre sensationnel, à augmenter son impact. A partir de là, la sensationnalisation prend tout son sens : c'est évidemment un processus volontaire et artificiel destiné à ce que cet évènement marque les esprits ou à provoquer un buzz. Sensationnaliser, c'est éxagérer, c'est "superlativer". Mais quand on en vient à parler de sursensationnalisation, c'est qu'on a déjà admis la sensationnalisation, qu'on la considère comme normale, et qu'on veut dénoncer quelque chose qui a poussé le bouchon un peu trop loin. Si on parle de sursensationnalisation, c'est qu'il est vraiment temps d'accepter que le mot sensationnalisation existe.
Interj. - Nabilla, mars 2013:
Bonjour Madame Z.,
Il fallait bien que ça arrive. Le dictionnaire est parti chez l'imprimeur, on n'y peut plus rien changer, reste, entre autres, le petit regret de n'avoir pas trouvé de mot commençant par la lettre Y, et là, comme une évidence, un tweet s'affiche sur le téléviseur pendant la finale de la Nouvelle Star : "Dis-donc, Sophie-Tith, t'es sûre qu'on a le droit de yaourter sur Dieu ???". Mauvais timing, trop tard.
C'est l'information linguistique de la journée, le verbe zlataner ne rentrera pas dans l'édition 2014 du Petit Robert qui paraitra en juin. Alain Rey s'en explique en émettant l'hypothèse que le mot ne soit qu'un effet de mode et préfère le laisser sous surveillance. Zlataner demeure donc un mot qui n'existe pas, bien qu'on l'utilise quand même.