jeudi 10 avril 2008

Mothra contre Léguman

Avant tout, rappelons que Mothra est la mite géante qui se frite avec Godzilla et que Léguman est le super-héros de notre enfance, créé dans le Téléchat de Roland Topor.

mothraCeci étant posé, il devient nécessaire de répondre à cette question : pourquoi ce titre ? Et bien parce que c'est plus rigolo que "La nature contre Monsanto", mais en fait ça veut dire la même chose. Il y a quelques semaines, des chercheurs révélaient qu'une race de papillon avait réussi à développer une résistance accrue (et pas qu'un peu, en gros la dose létale a été multipliée par 500!) à une toxine produite, dans le but de protéger les récoltes, par du coton génétiquement modifié. Cette toxine Bt (Bacillus thuringiensis) est aussi notamment produite, dans le même but, par des maïs OGM, et l'innocuité de sa prolifération et de son accumulation dans l'environnement n'a pas été démontrée, il y aurait même plutôt des études qui tendent à prouver le contraire. Mais bon, ce sont là des batailles d'experts, nous on n'y connait rien, on peut pas trancher...

legumanCela étant, devant ce genre de cas, la question ne se pose à mon sens même plus en termes de principe de précaution. On se pose en effet la question du principe de précaution quand il s'agit de mettre en balance le bénéfice certain d'une innovation et ses dangers potentiels. Or ici, même si l'on considère que les dangers ne sont que potentiels, le bénéfice apparaît de moins en moins certain, car les plantations sont encore moins protégées contre le parasite qu'elles ne l'étaient auparavant.

Y a-t-il lieu de se réjouir de ce qu'on peut considérer comme une défaite de Monsanto et consorts contre lalamarck nature (ou de Léguman contre Mothra) ? Rien n'est moins sûr. Car cela était somme toute fort prévisible. En effet, on le sait depuis Lamarck, la fonction crée l'organe. Il était donc inéluctable qu'un jour ou l'autre certaines espèces d'insectes développent ce type de mutation, et il y a fort à parier qu'Helicoverpa zea ne soit que la première d'une longue série. Si cela était inéluctable, on peut supposer que les vendeurs de semence OGM l'avaient prévu... et on peut même supposer qu'ils l'avaient espéré. Car quel sera le seul recours face au problème posé par la multiplication de ce genre de cas ? Certainement pas un retour global à l'agriculture biologique, car les parasites seront devenus beaucoup trop forts. Le seul recours sera vraisemblablement la fuite en avant, le développement de nouveaux OGM, qui produiront de nouveaux insecticides, auxquels les parasites s'adapteront à leur tour, et ainsi de suite... Voilà qui augure d'une belle prospérité pour les bienfaiteurs multinationaux de l'humanité...

Finalement, la nature est peut-être bien la meilleure amie de Monsanto... mais pas dans le sens où ils cherchent à nous le faire croire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire