
L'
eutepéh (qu'on trouve parfois sous la forme
ETP) est un
équivalent temps plein. Il est né quand est mort le travailleur, le jour même où le
directeur des ressources humaines (ou
déherrache) a assassiné le
chef du personnel pour prendre sa place. Parce que
chef du personnel, ça fait trop impersonnel, justement, pas assez humain, et puis dans c
hef du personnel, il y a
chef, et
chef, ça fait un peu arbitraire. Alors que d
irecteur des ressources humaines, c'est plus joli, moins abrupt. Déjà,
directeur, ça fait le gars qui raisonne, qui arrange les choses après les avoir pensées, qui ordonne selon une stratégie réfléchie, contrairement au
chef qui donne des ordres sans se demander s'ils ont un sens. Et puis dans
directeur des ressources humaines, il y a
humaines, et ça c'est bien, ça replace l'humain au centre de l'entreprise, c'est joli, et ça fait plaisir au
personnel, qui se sent tout de suite plus considéré. Ouais,
directeur des ressources humaines, c'est bien plus chouette que
chef du personnel.

Bon, certains esprits chagrins opposeront que dans
directeur des ressources humaines, il y a aussi
ressources. C'est vrai que, vu comme ça, on peut avoir un peu l'impression que l'humain, bien que placé au centre de l'entreprise, y est alors perçu comme une
ressource, une matière première, au même titre que, je ne sais pas, le bois, le parpaing ou l'électricité. Un truc passif, quoi. Alors que le travailleur, au contraire, c'était le gars acteur de l'entreprise, celui qui apportait quelque chose par son travail, par ce qu'il faisait, pas juste parce qu'il était bien placé là où on l'avait placé, comme un parpaing, un bout de bois, ou un fil électrique. Oui, certains esprits chagrins opposeront ça. Ah là là, ce qu'ils peuvent être taquins, à tout le temps opposer des trucs, les esprits chagrins...
L'
eutepéh, on l'a dit, est donc un être fictif, qui est aux ressources humaines ce que le travailleur était au personnel. Il représente la capacité de travail de ce qu'était un travailleur auparavant. Il est possible, dans certains cas, que l'
eutepéh et le travailleur soient confondus. Mais ce n'est pas nécessaire. Un
eutepéh peut très bien être constitué, par exemple, d'un salarié à mi-temps et d'un autre gars partiellement affecté à la même tâche. Fractionner ainsi les êtres réels pour en faire des êtres fictifs, c'est quand même bien pratique pour la
gestion de projet, quand il faut
prioriser les
ouorquepaquaiges, surtout si en les priorisant on constate qu'il faut en dégager un, c'est quand même plus humain de supprimer un
eutepéh que de virer un travailleur. Et tant pis pour les esprits chagrins qui opposeraient que ça déshumanise un tout petit peu l'humain.